samedi 10 octobre 2009

Le business des fontaines à eau

Selon un sondage réalisé par l'institut de sondages et d’études MV2, 37 % des interrogés indiquent que leur entreprise ne leur fournit pas d'eau. Le Code du travail est-il boudé ? Plutôt ignoré. Ce qui laisse croire en des perspectives aussi larges qu'un fleuve pour le commanditaire de cette étude, l'Afifae (l'Association française de l'industrie des fontaines à eau, qui comprend les représentants des principaux opérateurs de la profession).
Le marché, en l'état, représente déjà un beau bébé : 389 000 fontaines à eau sont installées dans tout le pays. Il s'est véritablement lancé en 1995 avec le décret stipulant que « les chefs d'établissement doivent mettre à la disposition du personnel de l'eau potable et fraîche pour la boisson, à raison de trois litres au moins par jour et par travailleur ». Il a connu un coup d'accélérateur post canicule 2003 : « Un véritable déclic s'est produit au sein des collectivités », explique Charles Guillot, directeur commercial de Waterlogic.
La ville de Bordeaux, par exemple, distribue pas moins de 13 500 litres d'eau à boire, chaque année, à ses 25 clubs seniors. Au Centre hospitalier universitaire de Bordeaux (probablement l'établissement le plus fréquenté de la région), 239 fontaines sont réparties sur les quatre sites.
Le marché n'est pas réputé pour ses allures de long fleuve tranquille : « Quatre acteurs se partagent 90 % du marché. Il n'y a pas pire en matière de concurrence », relève une observatrice. Le quatuor se compose de Château d'eau, Culligan, Elis et Nestlé Waters : « Ces sociétés se sont emparées du marché et il est devenu extrêmement difficile d'y mettre un pied », relève le gérant de Drinkso, petit distributeur bordelais rencontrant plus de facilités pour installer dans les entreprises des machines à café que des points d'eau. Une partie de la bataille se joue actuellement sur la dualité entre les fontaines bonbonnes et les fontaines raccordées au réseau. Les premières dominent les débats, représentant 70 % des machines disposées. Mais elles perdent du terrain (- 3,5 %) quand les secondes enregistrent une progression à deux chiffres (+ 19 %).
« Le boom du développement durable a sérieusement amélioré nos ventes », relève le cadre de Waterlogic, un petit dans la cour des grands, uniquement sur les fontaines « réseau » et jouant de la corde « écolo ». Il faut croire que ça marche : « On ne connaît pas la crise. Depuis 2004, on a multiplié par dix notre chiffre d'affaires et notre volume. »
Si le produit ne se prête pas à l'innovation, les fabricants ne se gênent pas pour emprunter les chemins de traverse. Vous voulez du fun dans votre gobelet en plastique ? Depuis peu, sont apparus sur le marché des fontaines produisant de l'eau gazeuse. Vous voulez vous équiper à moindre coût ? On trouve sur le marché des fournisseurs se décrivant comme « low cost » Vous voulez une fontaine citoyenne ? Certains proposent de remettre 1 euro à une ONG par fontaine achetée. Reste que si les fontaines à eaux génèrent moins de déchets que l’eau en bouteille, on cherche toujours la valeur ajoutée de ces produits par rapport à un distributeur de gobelets installé près d’un classique robinet !

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