mercredi 6 mai 2009

Le problème de la Mer d’Aral posé sur fond de tensions transfrontalières

La mer d'Aral est en cours d'assèchement. Entre 1960 et 2008, elle a perdu 90% de son volume. Durant cette même période, sa salinité est passée de 1 à 100 g/l (rappelons pour mémoire que la concentration moyenne de l’eau de mer est de 35g/l). En 2007 il ne restait plus que trois lacs représentant 10% du bassin de la mer qui était autrefois une masse d'eau unique et l’accroissement de la salinité a tué pratiquement toute trace de faune et de flore.

Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a salué la décision des pays riverains de la mer d'Aral de débattre de la gestion de l'eau, notamment face aux changements climatiques.

Dans un rapport au Conseil de sécurité sur le Fond international pour sauver la mer d'Aral, qui se réunit à Almaty, au Kazakhstan, le Secrétaire général se dit encouragé de ce qu'une telle question écologique soit discutée au plus haut niveau.

« Le Fonds international a une position idéale pour faciliter le développement de solutions bénéfiques durables entre pays d'Asie centrale », y affirme-t-il, soulignant que « toute discussion sur la mer d'Aral doit reconnaître la menace croissante des changements climatiques ».

« Les Nations Unies considèrent que la volonté des dirigeants à trouver des solutions mutuelles dans ce domaine est extrêmement importante », a déclaré à cet égard le représentant spécial du Secrétaire général pour l'Asie centrale et chef du Centre régional pour la diplomatie préventive de la région, Miroslav Jenca, qui participait au sommet d'Almaty.

Toutefois, le sommet consacré aux moyens de partager les ressources hydrauliques de l'Asie centrale s'est achevé au Kazakhstan sur un profond désaccord entre les cinq dirigeants de la région, l'une des plus arides du monde.

Autrefois exutoire naturel de deux greands fleuves, l’Amou-Daria et le Syr-Daria, issus des montagnes du Tian Shan , du Pamir et de l’Hindu Kuch, la mer d’Arla a subit la volonté des autorités soviétiques de faire de l’Asie centrale la principale région cotonnière de l’URSS (la culture du coton est encore l’unique source de revenu d’une partie des 58 millions d’habitants). A cause de l’augmentation des prélèvements pour l’agriculture irriguée, les apports des 2 fleuves ont rapidement baissé. Ainsi, le partage de l’eau est devenu une question litigieuse dans cette partie du monde. 
Les querelles centrées sur l'eau se sont intensifiées ces dernières années en raison de fluctuations climatiques très fortes, marquées par des hivers exceptionnellement froids, des inondations et des sécheresses destructrices.
Ces différends, considérés comme un facteur d'instabilité, inquiètent les pays occidentaux qui considèrent l'Asie centrale comme un élément de leur voie de ravitaillement de rechange pour les troupes de l'Otan déployées dans l'Afghanistan voisin.
Le thème officiel, la disparition progressive de la mer d'Aral, fut de fait l’occasion d'aborder ouvertement le problème de la répartition transfrontalière de l'eau.
La principale pierre d'achoppement a précisément été l'ordre du jour de la réunion des présidents du Kazakhstan, du Tadjikistan, du Turkménistan, du Kirghizistan et de l'Ouzbékistan.
Le Kirghizistan et le Tadjikistan, pays pauvres recélant d'importantes ressources hydrauliques, ont cherché à profiter de la réunion pour formuler des griefs nationaux concernant l'usage de l'eau.
L'autre camp, représenté par l'Ouzbékistan et le Kazakhstan, principales puissances économiques régionales et grands consommateurs d'eau, s'est évertué à limiter toutes les discussions au sujet moins épineux de la mer d'Aral.
Des propos incisifs du président kirghize Kourmanbek Bakiev, centrés sur des pénuries d'énergie et la nécessité de construire de nouvelles centrales électriques, ont fait réagir avec colère son homologue ouzbek, Islam Karimov, qui a insisté pour qu'on s'en tienne à la mer d'Aral.
A l'époque soviétique, la distribution de l'eau était gérée par des planificateurs de Moscou qui supervisaient un système transfrontalier complexe consistant notamment à troquer de l'eau contre de l'électricité. Système qui s'est effondré avec l'URSS.
Les dirigeants d'Asie centrale sont conscients que la stabilité de leur région multiethnique dépend de l'accès à l'eau, mais aucun accord ne semble en vue.
Le symbole le plus évident du problème est que la mer d'Aral ne s’est pas asséchée toute seule : après avoir été le quatrième lac du monde, elle s'est rétrécie de 90% sous l'effet des détournements d'eau décidés à Moscou pour des projets d'irrigation en Ouzbékistan.
La Russie, qui tient à jouer un rôle dans le traitement du problème régional de l'eau, n'était cependant pas invitée à la réunion.

2 commentaires:

Jim a dit…

je pensais que le cas de la mer d'Aral était résolu, et que la tendance avait été inversée... Force est de constater, comme on dit, que c'est plus compliqué, et que le cas de la mer d'Aral n'est pas terminé.
Et que le vrai sujet est le sujet de la gouvernance : ces phénomènes ne sont pas inéluctables, ils sont dus à l'insouciance des hommes...

Anonyme a dit…

tu l'as dit Jim ...

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